UN AUTHENTIQUE GRIOT

Un authentique griot

La musique sénégalaise puise ses origines dans les chants des griots à la gloire des rois et des princes et reste souvent associée à la parole de ces griots, poètes détenteurs de la mémoire historique et mythique. Cet équivalent africain du troubadour ou du barde a connu son heure de gloire dès le XIIIème siècle, à l’apogée de l’empire mandingue de Soundiata Keïta.

 

 

Répartis aujourd’hui entre la Guinée, le Mali, le nord de la Côte d’Ivoire, l’est du Sénégal et la Gambie, sur la vaste étendue de l’ancien empire, les griots mandingues partagent une même tradition de chants déclamatoires et l’usage de certains instruments emblématiques comme la kora. Le griot musicien ou chanteur anime les événements liés à la vie d’un individu ou de la communauté. Dans ces pays qui ont su conserver leurs cultures traditionnelles, on est griot de génération en génération : les griots  – au sens strict du terme chanteurs musiciens castés – se transmettent d’abord leur savoir dans le milieu familial et dès leur enfance, ils apprennent à jouer des instruments de musique.

 

 

Kandara, né en 1974 à Dakar, est le petit-fils et l’héritier direct de Kemo Soundioulou Cissokho, « le roi de la kora » .

Né en 1921 à Ziguinchor en Casamance, Kémokho Kandara Cissokho, était lui-même fils d’un « korafola » virtuose et célèbre « djéli » (griot); et et sa troisième femme, Maïmouna Galissa Kouyaté, une grande cantatrice «djéli », née de parents guinéens  mais  connaissant parfaitement le répertoire mandingue.

 

 

Sa dextérité, ses variations rythmiques et mélodiques, ses interprétations de certains airs du répertoire traditionnel de kora lui valurent succès et honneurs sous la présidence de L.S. Senghor et au Théâtre national Daniel Sorano de Dakar,  mais aussi en France où la SACEM  lui décerna en 1970 un médaille pour l’ensemble des ses compositions (une soixantaine), comme en Guinée  où, en 1967, il fut couronné «roi de la kora» ; il y  rencontra par ailleurs une jeune fille de 18 ans à la voix d’or qui devint son épouse. Le trio qu’il formait avec ses femmes Maïmouna et Maa Hawa Kouyaté  sillonna le monde. Après l’ hommage organisé en 1989 pour sa retraite, lors de sa disparition, en 1994, deux jours de deuil furent décrétés au Sénégal et en Guinée pour « cet instrumentiste virtuose qui a tant contribué à la vulgarisation de la musique de kora dans le monde ».

 

 

Kandara est élevé par son grand-père qui joue son rôle de griot en lui transmettant sa passion de la kora, enseignée dès l’âge de 11 ans ; et il obtient son diplôme de musique traditionnelle au Conservatoire de Dakar en 1988.  Il joue et chante ensuite en accompagnant son père dans de nombreuses manifestations traditionnelles mandingues à travers le Sénégal.

 

A partir de l’année 2000, il participe à diverses rencontres artistiques : « Ecole des sables » de Germaine Acogny à Toubab Dialaw, festival de Yoff, Centre Culturel Français de Dakar, inaugurations de galeries d’art et à de nombreux échanges musicaux, s’intéressant en particulier à projet associatif de revalorisation des contes à travers les écoles et sur Radio Oxygène Dakar.