La kora, instrument de la tradition
La musique fait partie intégrante de la vie quotidienne et du patrimoine culturel et artistique africain.
Les instruments de musique les plus populaires au Sénégal sont sans doute les percussions, comme le sabar (tambour sur pied donnant son nom à une danse) et le tama (sorte de sablier en bois placé sous l’aisselle), sur lesquelles se base par exemple le rythme du mbalax, omniprésent sur les ondes et dans les discothèques (incarné par Youssou Ndour).
Le djembé est le plus connu de tous : il est composé d’une pièce de bois en forme de calice recouverte d’une peau de chèvre ou d’antilope et d’un système de tension. De différentes tailles, il peut être placé sous les aisselles ou entre les jambes et est joué par des frappes des doigts ou de la main (son claqué, tonique ou basse). Il rythme les mouvements et pas des danseurs.
D’autres instruments : le balafon, sorte de xylophone, et la kora, instrument à cordes, sont cités dans l’hymne national : «Pincez tous vos koras, frappez les balafons. Le lion rouge a rugi, le dompteur de la brousse, d’un bond s’est élancé, dissipant les ténèbres…» Avec le xalam, sorte de luth à 4 ou 5 cordes, ils sont particulièrement présents en Afrique de l’ouest où la musique traditionnelle mandingue est perpétuée par les griots, poètes-musiciens de génération en génération (caste des djeli).
Le balafon est un instrument de musique traditionnel présent partout dans l’espace mandingue (Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Côte d’ivoire). Composé de lames de bois posées sur une structure en bois nouée par des lanières de cuir, il peut produire une trentaine de notes différentes allant de la plus aiguë (pour les lames courtes) à la plus grave (pour les lames longues). Cet instrument se joue avec des baguettes en bois et le son est amplifié par les calebasses disposées au-dessous des lames qui servent de caisse de résonance.
A l’origine les Balantes venus de l’Est de l’Afrique auraient emprunté la fabrication du balafon aux esprits. Sa fabrication demande un savoir-faire qui procède d’un rituel particulier dans le choix des différents matériaux (bois, calebasses) et recourt à un ensemble de techniques ingénieuses. Le processus de fabrication du balafon, instrument de musique traditionnel aux sonorités magiques (balla) est inscrit au patrimoine culturel immatériel du Sénégal pour la région de Sédhiou en moyenne Casamance.
La kora est une harpe-luth qu’on trouve aussi dans toute l’Afrique de l’ouest. Elle joue un rôle central dans l’histoire des rois et l’accompagnement des cérémonies festives. C’est l’instrument des griots.
Elle est faite d’un manche en bois de vène (palissandre) ou de teck, long de 1, 20 m à 1, 40 m, qui traverse de bout en bout une demi-calebasse de 40 à 60 cm de diamètre, couverte d’une peau parcheminée de chèvre ou de vache (table d’harmonie). La calebasse constitue la caisse de résonance de la kora ; un trou dans la partie supérieure droite permet de libérer le son ; d’autres trous laissent sortir une traverse en bois et deux poignées pour les mains (bulkalamo) qui permettent au joueur de kora assis de tenir l’instrument dressé face à lui : pour jouer il pince les cordes à l’aide du pouce et de l’index des deux mains.
Les cordes sont tendues sur le côté d’un chevalet en bois, qui, à travers un coussinet, transmet les vibrations à la peau; autrefois en boyaux ou fibres de peaux de bêtes, elles sont de nos jours en fil de nylon. Dans la partie haute du manche, des anneaux en peau pour la kora traditionnelle, des clefs pour la kora moderne servent à la tension des cordes. La kora traditionnelle a 21 cordes ; mais elle a évolué vers 26 cordes pour des besoins d’accordage du son, afin de produire toutes les notes de musique moderne.
Le savoir-faire pour la fabrication de la kora (koora siloo), dont les familles de griots (Diébaté, Kouyaté, Cissokho…) sont dépositaires , est inscrit au patrimoine culturel immatériel du Sénégal pour la région de Sedhiou (Moyenne Casamance).
De nos jours on trouve des fabricants de kora un peu partout au Sénégal. Il faut signaler l’Abbaye de Keur Moussa, dans la région de Thiès, où le savoir-faire est lié à la fabrication de la kora avec des accessoires modernes permettant d’élargir la gamme des notes produites.
Une nouvelle approche de la kora apparut dans les années 1970 avec les moines de l’Abbaye : la harpe africaine dialogua pour la première fois avec des instruments occidentaux ; et on mit au point un système d’écriture sur une seule portée afin de rendre plus accessible l’étude de l’instrument.